Chronique

Epik High - Pieces, Part One

30/03/2009 2009-03-30 12:00:00 KoME Auteur : Midnight

Epik High - Pieces, Part One

Un groupe qu'on ne présente plus, et un 5e opus de grande envergure.


© Epik High
Album CD

Pieces, Part One

Epik High

On ne présente plus Epik High sur la scène musicale coréenne. Malgré des débuts difficiles, ce groupe aux talents incontestables a aujourd'hui bel et bien conquis le pays du matin calme. Envoûtants, lyriques, poétiques, passionnants, Tablo, Mithra Jin et DJ Tukutz ont prouvé maintes fois que leur popularité n'est que le résultat évident d'un travail de qualité. Leur 5e album Pieces, Part One, sorti en avril 2008, avait déjà conquis les fans avant même sa sortie par ses nombreuses pré-commandes et les ces derniers n'ont probablement pas été déçus. Seize pistes attractives, violentes, parfois surprenantes et originales qui ne manqueront sans doute pas d'élargir le territoire de leur succès.


Et la première annonce aussitôt la couleur. Une brise soldée par quelques notes au synthétiseur assemblent morceau par morceau un éveil lent, tandis qu'un air entêtant se met rapidement en place. Accrochant avec douceur, cette introduction à l'album promet d'ores-et-déjà une poésie musicale, qui reste néanmoins bien ancrée dans son temps. En effet, prénommée Be, elle semble souligner une quête identitaire par les nombreuses oppositions dans les paroles ("I'm nothing, I'm everything you want me to be"). Non contente d'insister sur le style particulier d'Epik High entre rap, chant et sons électroniques, elle souligne donc également une recherche sensée et profonde. Une entrée en la matière qui se trouve par conséquent remarquable, d'autant plus qu'elle ne semble durer que quelque secondes, alors qu'elle s'étire sur un temps anodin de trois minutes et demi.

La seconde piste prend le pas sur un autre genre. Avec un rythme plus soutenu, plus agressif, plus revendicatif, Breakdown introduit sans concession à une vision plus sombre. Elle installe ainsi une ambiance fascinante par un flux de rap rapide et mystérieux, quoiqu'exprimant une certaine violence, dans une partie instrumentale qui s'y accorde tout à fait. A noter que la censure a frappé cette chanson, et pour cause : le clip vidéo diffuse des images des plus sanglantes. Aux nimbes de la violente gratuite, il diffuse la torture des membres du groupe par des jeunes femmes prétendument et absurdement sensuelles, sous l'oeil jovial d'hommes d'affaires. Bien que l'image apporte son petit effet à la chanson, il est à se demander si une telle mise en scène était réellement nécessaire, d'autant plus qu'en parallèle, les chanteurs, en bien meilleur état, s'expriment et miment leur chant derrière une table de DJ. Nouvelle façon d'insister sur une incongruité exprimée par les paroles ou maladresse déplacée ? La question se pose, mais la piste en reste néanmoins bonne, puisqu'attractive par son rythme brutal.

Trente sept secondes. C'est le temps que dure la piste suivante, Seoul, 1:13 AM, annotée à juste titre "Short Piece". Une courte conversation, dans laquelle on apprend qu'il est une heure treize, suivi d'un tic-tac lancinant, des gémissements... On s'aperçoit alors que l'album n'est pas seulement musical, mais qu'il étend en outre une dimension narrative, de récit. Et c'est là tout l'art d'Epik High : l'image de la douleur et du temps qui s'écoule inexorablement s'installe, tandis que la mesure des secondes accélère brutalement pour introduire... One.
En effet, le rythme précédent est aussitôt repris sur cette quatrième piste, et lance les premières paroles à la volée ("Time is tickin'"). Le thème mélodique se retient facilement, la structure est plus aisée à comprendre que celle les morceaux précédents, et le tout est une collaboration avec Ji Sun, ex-membre du groupe Loveholic : sa position en tant que piste phare de l'album est donc difficilement réfutable. Il est à ajouter que la chanson a été dotée d'un clip. Ainsi, comme tout bon clip coréen, ce dernier comporte un scénario adapté, et fournit à tout spectateur attentif un panel de scènes esthétiques, sans oublier des apparitions régulières des membres qui font ici office "d'anges protecteurs". Pourquoi pas après tout, le spectateur attentif trouvera bien son compte quelque part, aussi bien dans le son que dans l'image.

Si les pistes précédentes semblent pouvoir s'enchaîner sans peine, il en va différemment pour Yunpilggakyi, fruit d'un travail avec KEEBEE. Dans une tonalité différente, presque plus légère, cette chanson est une belle façon de casser la linéarité de l'album. Par delà le style unique d'Epik High, elle prouve par une bouffée d'air frais que leur palette musicale est loin d'être limitée. Mieux encore, elle souligne une diversité sans pour autant perdre ce qui fait leur originalité.

Girl suit la lignée des nombreuses collaborations comprises dans l'album. Epik High s'accompagne ici de Jinbo, pour une piste dans un autre genre encore. Une introduction au piano calme en effet dès les premières notes le jeu de Yunpilggakyi, et lance aussitôt un refrain lancinant. Un tantinet plus banale par une tonalité déjà vue et revue, cette piste se fond quelque peu dans le lot du reste de l'album, d'autant plus que le terme abordé est cette fois une histoire d'amour (ce qui aurait tendance à en lasser plus d'un). Mais soit, la chanson garde cette saveur spécifique au groupe, et n'est pas sans déplaire.

La "Short Piece" qui suit repart vers un genre plus original au niveau musical. En effet, Tablo nous réserve là une belle surprise puisque cette piste est en réalité une lecture de poème, d'autant plus que ce dernier est entièrement en anglais. Une belle performance qui ne manque pas de surprendre, et qui replonge aussitôt dans l'univers bien particulier de Pieces, Part One. En outre la voix grave qui récite calmement, quelques notes électroniques se répondent et se répètent dans une profondeur envoûtante, et annoncent la piste suivante.
Et en effet, Slave est sans doute une introduction à The Future puisqu'il subsiste comme un écho dès les premières notes de cette piste. Une fois de plus il s'agit d'une collaboration, avec Yankie, de TBNY. Avec un thème rapide et un refrain récurrent, le partenariat offre ici une perspective plutôt étonnante à écouter, tant le flux de paroles paraît parfois insaisissable. A noter que les paroles sont tout aussi revendicatrices que Breakdown, et jouent dans la provocation par des références à certains de leurs collègues internationaux. Néanmoins, le son est d'une indéniable qualité, et se termine par un clin d'oeil à la quatrième piste One.

Une nouvelle "Short Piece" vient prendre place en neuvième position. Plus longue que les autres (un peu moins d'une minute trente), elle porte comme titre 20 Fingers. Ici DJ Tukutz est accompagné par DJ Friz. De leurs vingt doigts ils nous présentent donc un duo remarquable, ponctué néanmoins par une sonnerie de téléphone un tantinet angoissante. Il s'agit par ailleurs, une fois de plus, une voie vers la piste suivante.
Et en effet, Ignition débute par une voix étouffée, comme au bout du fil, et lance ainsi le refrain d'une piste impressionnante de l'album. Epik High s'aventure cette fois avec Na Yoon Kwon dans une chanson avec un style encore nouveau. En effet, si Ji Sun dans One apportait une fragilité féminine, le chanteur, lui, amène une mystérieuse douceur à ce titre. Le groupe cependant n'est pas en reste, et la sensibilité des paroles, aussi bien que celle du rythme, est palpable. Ajoutons pour le plaisir des francophones qu'Ignition comporte trois langages : le coréen, de toute évidence, l'anglais, et... le français. En effet, si vous tendez l'oreille, vers deux minutes vingt, vous percevrez distinctement un "au revoir, ce soir je suis désolé". Une petite touche qui ne manque pas de surprendre, et surtout d'être appréciée.

8 by 8, elle, aborde directement une autre voie, notamment par le fait qu'elle soit le fruit d'une grosse collaboration. Epik High prend ici le risque d'inviter Double K, Dynamic Duo, Dok2 et TBNY à sa tablée, pour un morceau qui détonne particulièrement dans l'album. En effet, entièrement en rap, il pourrait être qualifié de "battle" entre les huit participants (DJ Tukutz n'étant pas inclus dans le lot, et Dok2 comme Double K, contrairement aux deux duos, sont des solistes) et se trouve bien loin des chansons pleines de sens du trio en question. Cependant, il faut bien avouer que le titre est entraînant, par son rythme puissant et le ton brutal des rappeurs.

La piste suivante est un solo de Mithra Jin. Prénommée Decalcomanie, elle met, à la manière de Be, en évidence une recherche et une étude sur le soi qui n'est pas sans attirer l'attention. On retrouve ici une verve profonde, sur un fond instrumental commun mais néanmoins classique. Le rappeur démontre ici que son talent n'a rien à envier à celui de Tablo, souvent bien plus sous les projecteurs que les deux autres membres.

Une dernière "Short Piece" se pose en tant que 14e piste. Icarus Walk reprend une tonalité mystérieuse qui n'est pas sans rappeler celle d'Ignition. Sur quelques pas humides, un court morceau composé de sons électroniques s'agence rapidement, et s'estompe aussitôt. La marche d'Icare, muette, semble laconique et désabusée, à l'image de nombreuses pistes de cet album, qui reste toutefois puissant et accrocheur.

La 13e piste ne pouvait que finir par trouver un écho : et en effet, Tablo dépose à son tour un solo, Nakhwa. Avec une mélodie troublante et un rap plus posé, plus calme mais non moins énergique, la chanson prend une dimension envoûtante, qui déstabilise. L'artiste démontre ici que son succès est bel et bien dû à son talent, avec un morceau finement ciselé par une poésie certaine dans sa verve, tout comme dans sa musicalité

Woosan reprend le fil des collaborations, avec la participation de Younha, artiste renommée. Avec une voix douce mais puissante, elle permet d'ajouter à l'album une touche féminine bien particulière, dans un registre différent de celui de Ji Sun. Son chant mélodieux accompagné de la pluie, puis d'un piano et d'un thème musical électronique, pose un espace envoûtant, entre mélancolie et espoir. L'échange entre le trio et la jeune femme offre à bien des égards une sensibilité, ainsi qu'un lyrisme qui se ressent par un timbre vibrant, et vivant. Il présente pourtant un thème semblable à celui de Girl, et la tonalité mineure employée n'est pas sans rappeler quelques artistes coréens. A noter également la fin un peu brouillon, surprenante et quelque peu décevante, qui crée néanmoins un effet de surprise. Cependant, il n'y a rien à dire, les performances sont de qualité, et la piste contient une poésie palpable. Et comme tout bon morceau de cette envergure, Woosan est doté d'un clip. Esthétique, poétique, il est loin de la violence de Breakdown et se différencie quelque peu du malaise compris dans One. Le scénario est lisible, et la vidéo comprend même des scènes dessinées qui ne font que lui ajouter du charme. A l'image de la chanson toutefois, la fin prend de court, et laisse presque déçu. Mais malgré tout, la tonalité exprimée reste positive, et l'image comme le son ne manqueront pas de plaire aux esthètes.

Enfin, pour la clôture de l'album Ji Sun fait son retour et accompagne Epik High sur Dangshinui jogakdeul. Le titre débute sur quelques accords d'orgue qui ne sont pas sans rappeler la solennité des cérémonies d'église, et glisse vers une percussion simple mais efficace. Les voix de Tablo et de Mithra Jin, sombres, graves, soutenus par le timbre fragile de la chanteuse dépeignent une scène pleine de douceur et de mélancolie. Le ton est juste, et ne manquera pas de plaire à bien des auditeurs, d'autant plus que le rythme et le thème mélodique sont particulièrement poignants et accrocheurs. Les interludes eux-mêmes sont recherchés, étudiés, et ne font que renforcer la sensibilité de la piste. Il s'agit donc d'une conclusion exemplaire pour un album parfaitement agencé.


Epik High prouve ici une fois de plus que leur succès leur est bel est bien dû. Pieces, Part One est incontestablement agencé avec adresse, avec une poésie et un lyrisme qui leur est propre. L'album est d'autant plus impressionnant qu'il est entièrement composé et écrit par les membres eux-mêmes. Un opus de grande envergure, qui promet encore bien du plaisir aux fans de ce trio mythique.
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